mercredi 30 novembre 2016

Ne me cherche plus

Ne me cherche plus, dis

J'ai l'humeur fugueuse, oui
Ce besoin d'aventure
Velléités obscures
De chevrette étourdie
Je suis dans la voiture
Écoutant Bellamy 
Roulant à folle allure
Tandis que vient la nuit
Je suis aux confitures
Du jardin de mamie
Oh la la que d'orgies
Pomme douce, figue, mûre
Relents de ce pays
Où l'enfance perdure
Et où ne se raturent
Les rêves éblouis


Ne me cherche plus, dis

Je suis sous les ramures
Chargées de chants jolis
Ou parmi le murmure
Joyeux des ancolies
Je suis à la pâture
Avec la tendre Etty
Et les agnelles pures


Je suis dans ce taudis

Laisse si je m'ennuie
Qu'avec désinvolture
Je fume et m'assombris 
Demain viendront l'azur
Et tous les infinis
Que connaît la Nature
Aux matins de la Vie


Laisse, laisse moi mes fêlures

Ne me cherche plus, je t'en prie
Je suis dans le vent, évanouie
Avec les avoines, mes sœurs
Je suis avec la lune, unie
Qu'importe la ronde des heures
Je suis l'or qui te stupéfie
Depuis que j'ai sacré ton cœur
Vois, il scintille sous la pluie
Mieux que tous les galets polis
Qu'exaltent l'eau claire et l'aurore
Et j'ai épousé tous les morts
Avec un seul, je ne l'oublie...


Depuis la ligne de ma vie

S'étend trop loin de notre sort
Il ne sert à rien que tu pleures
Sur ces entrelacs évanouis
Ne me cherche plus, n'aie pas peur
Il nous est acquis, le trésor
Contente-toi de cette nuit
Que je n'oublie ni ne renie
J'y dors
Avec l'éternité



Héloïse Combes 30 novembre 2016 Tous droits réservés