mardi 30 août 2011

Le repos des crabes


Mon petit Roman, hier, sur la plage:

 


« J’ai mis un bracelet ( de laine, fait par sa sœur), mais c’est pas pour être une fille, hein, c’est pour partir à l’aventure, là-bas, sur un bateau ! »

Puis, après quelques secondes de réflexion:
« Tu viendras avec moi, maman ? »
J’ai dû sourire, d’un sourire qui disait en silence « Bien sûr mon chéri, avec ta petite main dans la mienne, j’irais au bout du monde ».

Le même, quelques instants plus tard:



« J’ai mis les crabes dans la piscine, avec des coquillages et des algues pour s’ils ont faim. Ça les repose un peu de la mer. »

Le bracelet qui donne le courage de braver l‘horizon, les coquillages brisés dans la piscine à crabes, seuls les petits enfants peuvent inventer de pareilles histoires, rêver de pareilles connexions entre les choses.

         Qui d’autre qu’eux se soucierait du repos des crabes ?

Et c’est toute la journée comme ça, des phrases qui fusent, tendres, charmantes, désarmantes de vérité ou à se tordre de rire, des attentions pour les moineaux, les tortues, les fourmis…

Les petits enfants pourraient écrire les livres les plus beaux, mais ils n’ont que faire d’écrire des livres, ils préfèrent se contenter de vivre, et ils ont bien raison.

mercredi 24 août 2011

Ce n'est pas la source, c'est l'or

Un peu boiteux, sans retouches... Pas vraiment un texte présentable, mais je le livre quand même, cri d'impuissance parmi tant d'autres dans la nuit du monde...


Ce n’est pas la source, c’est l’or

Faim, soif, et la chaleur
Ton petit frère qui meurt
Soudain, comme un mirage
Arrivent des géants
Hommes, sourciers, mages,
Vois-les, ils sont si grands…
Avec leurs appareils ils vont creuser la terre,
La terre de lumière où dorment tes ancêtres
Pères/Terre bénie, alliance souveraine,
Crois-tu, gonflé d’espoir. Ils vont trouver la veine
Et l’eau va ruisseler au tendre petit jour
Au fond d’un puits d’amour.

Ce n’est pas la source, mon enfant,
Ce n’est pas la source, c’est l’or
Qu’ils ont trouvé.

Pétrole, coltan, rubis
Le ventre du pays
En est aussi rempli
Que le tien qui gémit,
Gargouille, râle, est vide.
Fi de ton air livide
Si les bourses de cuir ont la peau bien tendue
Ce monde bedonnant se fout des rires perdus
Des jeux abandonnés, du ballon délaissé
Que tu ne suivras plus de ta vive foulée
Des étoiles qui crèvent
A tes yeux pleins de fièvre.

Ce n’est pas la source, mon enfant,
Ce n’est pas la source, c’est l’or
Qu’ils ont trouvé.

Le raffut des engins
A recouvert la peur
Le bruit sourd, incessant
Palpite comme un cœur
Un cœur de fer qui bat plus fort, plus neuf, plus net
Que le tien qui s’affole, que le tien qui s’arrête.
Qu’importe qu’il s’arrête, hein ?
D’un revers de la main
Les géants ont chassé leur part d’humanité
Ils voudraient aligner leurs cœurs au cœur d’acier
Et ignorer le Ciel,
Puissants, revigorés, robotiques, immortels !

Ce n’est pas la source, mon enfant,
Ce n’est pas la source, c’est l’or
Qu’ils ont trouvé.

Tes larmes ont coulé, douces
Sur la terre fendue
Par les mêmes sillons qui entament ta bouche
L’aube ne verra plus
Ton sourire diamant fendre tes joues d’ébène
Tes jambes flanchent, grêles
Sous les yeux des vautours, tandis que tu supplies:
« Dévorez-moi, qu’on en finisse,
Puis emmenez moi loin, avec vous tournoyer,
Vriller le ciel d’azur les ailes déployées,
Par delà la souffrance,
Plus haut que les géants pétris d’indifférence. »

Ce n’est pas la source, mon enfant,
Ce n’est pas la source, c’est l’or
Qu’ils ont trouvé.

Tu as quitté ce monde,
Petit ange trahi
Par des pères immondes
En proie à la folie.
De la pointe de l’âme au fond de mes entrailles
Un éclair a ouvert une insondable faille.
Depuis les profondeurs du gouffre tendre/amer
Où je te couve telle une mère de douleur,
Ils brilleront sans fin avec ceux de tes frères,
Tes merveilleux yeux noirs agrandis par l’horreur.

Ce n’est pas la source, mon enfant,
Ce n’est pas la source, c’est l’or
Qu’ils ont trouvé.

Dans ces yeux, il y avait Mozart tourbillonnant
Que tu n’as jamais entendu,
La douceur des neiges d’antan
Que tu n’auras pas aperçues
L’éclat des flamboyants
Et celui du soleil
Le chant de ta maman,
Et toutes ces merveilles
Indicibles trésors
Que tes assassins n’ont pas vus.
C’est là qu’il était, l’Or,
L’Or ruisselant et nu.

Ni la source, mon enfant,
Ni la source ni l’or
Ils n’ont trouvé.








lundi 1 août 2011

Enfance

Elle nous appelle,
Elle nous enchante,
Elle nous berce,
Elle nous hante,

L'enfance, aux multiples visages,

Enfance grave,
Enfance sage,
Enfance mutine,
Enfance câline,
Enfance rieuse,
Enfance peureuse...


  • Chiloedream nous invite à Chaouen, au pays bleu de ses premiers jeux. Une balade photographique forte en couleurs et en émotions.

                            http://annexemj.canalblog.com/archives/2011/07/28/21692643.html


  • Toujours le Maroc, et toujours l'enfance: j'ai reçu une deuxième illustration de mon texte "Ismaël".
N'est-il pas mignon, ce petit brun rêveur ?




Extrait: 
Ismaël écarquille ses yeux noirs derrière les barreaux bleus de la fenêtre de sa chambre.
Chaque soir il attend ainsi, immobile dans la pénombre, tandis que sa mère prépare la kesra dans la cuisine.
« Quand j’aurai vu trois margouillats, il sera l’heure de papa », songe-t-il.
« Le premier a grimpé sur le tronc du palmier.
Le second a roulé sur le fer torsadé.
Où se cache le troisième ?
Est-il ratatiné sous le rebord de ma fenêtre,
Ou bien a-t-il filé à la recherche d’un insecte ? »

Quand Delphine aura préparé quelques beaux dessins supplémentaires, Ismaël prendra son envol, à la recherche d'une maison (d'édition) sympa.

  • Pour terminer cette page consacrée à l'enfance, un poème, et la bouille blonde de mon petit dernier.


Porteur d’infini


Tu fais tes premiers pas, petit
Foulant de ta semelle
Le sable des merveilles
Crissant de promesses jolies
Balbutiements
Chuchotements

Lever un pied et s’envoler
Oiseau vers l’infini
Lever un pied et rire
De ton rire de farfadet
Grelot d’argent
Étincelant

Tu dors. Au cœur de ton absence
La vie veille, légère,
Joue dans tes cheveux clairs
Et court dans les veines pervenche
Que je devine
Sous ta peau fine

Tout à coup, ce moment fugace
Me happe, me ramène
Au parfum de verveine
Du souvenir. Images, flashs
Oh mon enfance
Mon insouciance…

Maintiens les heures emprisonnées
Au jardin du printemps
Retiens-les, mon enfant
Dans le creux de tes poings serrés
Nonchalamment

Tu sais réveiller dans mon sang
Le temps béni
Où je fus toi.

Tu sais marier le présent
A l’infini.