C'est ma solitude
qui se donne à l'eau vive,
C'est la part de
l'ange qui survit en chaque homme,
C'est l'enfant rom
qui vit à la fois au coin de la rue et en moi,
ses chants qui
fusent comme un soleil de sa poitrine et ses larmes de sang qui
rougissent la face du monde car il n'y a pas, non il n'y a pas de
clandestins ni de malvenus sur la Terre, seuls devraient avoir honte
ceux qui croient aux frontières.
C'est la lionne qui
se laisserait mourir plutôt que renoncer à l'odeur d'herbe grillée
de la savane, à ses étendues chauffées au fer roux du couchant.
C'est Jean-Sébastien
Bach qui s'incline face au silence,
C'est le vieux
peintre chinois qui devient le cèdre qu'il peint,
C'est la pivoine qui
se défait de ses pétales et meurt sans un soupir
d'auto-apitoiement.
C'est la mère jeune
qui accouche dans une étable,
C'est le père qui
ouvre les bras à l'enfant qu'on lui tend et qui n'est pas de lui,
C'est le fils
vagabond aux yeux trop grands ouverts.
C'est la grande
Histoire de tous et la petite musique de chacun.
C'est la fillette
qui rit pour conjurer la peur,
C'est le violon
tzigane qui se cabre comme un mustang sauvage,
C'est le soldat qui
pose son arme pour caresser le chien qui passe,
C'est la nonne
tibétaine qui prie pour ses geôliers,
C'est la voix du
muezzin qui emplit la rue blanche,
C'est l'humanité
entière qui dit oui à la mort par amour de Vivre,
C'est l'arbre qu'on
va abattre et qui libère au vent ses graines et ses oiseaux,
C'est ce qui en
chacun refuse, farouche, la haine, le profit, le contrôle des idées
et l'aseptisation du monde.
Que rugissent les
lions, que l'ange gonfle nos cœurs, que les violons hennissent
et que jamais ne
cède
L'Indomptable.
Héloïse Combes, 4 juillet 2018.