mercredi 4 juillet 2018

L' Indomptable



C'est ma solitude qui se donne à l'eau vive,
C'est la part de l'ange qui survit en chaque homme,
C'est l'enfant rom qui vit à la fois au coin de la rue et en moi,
ses chants qui fusent comme un soleil de sa poitrine et ses larmes de sang qui rougissent la face du monde car il n'y a pas, non il n'y a pas de clandestins ni de malvenus sur la Terre, seuls devraient avoir honte ceux qui croient aux frontières.
C'est la lionne qui se laisserait mourir plutôt que renoncer à l'odeur d'herbe grillée de la savane, à ses étendues chauffées au fer roux du couchant.

C'est Jean-Sébastien Bach qui s'incline face au silence,
C'est le vieux peintre chinois qui devient le cèdre qu'il peint,
C'est la pivoine qui se défait de ses pétales et meurt sans un soupir d'auto-apitoiement.
C'est la mère jeune qui accouche dans une étable,
C'est le père qui ouvre les bras à l'enfant qu'on lui tend et qui n'est pas de lui,
C'est le fils vagabond aux yeux trop grands ouverts.
C'est la grande Histoire de tous et la petite musique de chacun.

C'est la fillette qui rit pour conjurer la peur,
C'est le violon tzigane qui se cabre comme un mustang sauvage,
C'est le soldat qui pose son arme pour caresser le chien qui passe,
C'est la nonne tibétaine qui prie pour ses geôliers,
C'est la voix du muezzin qui emplit la rue blanche,
C'est l'humanité entière qui dit oui à la mort par amour de Vivre,
C'est l'arbre qu'on va abattre et qui libère au vent ses graines et ses oiseaux,

C'est ce qui en chacun refuse, farouche, la haine, le profit, le contrôle des idées et l'aseptisation du monde.
Que rugissent les lions, que l'ange gonfle nos cœurs, que les violons hennissent
et que jamais ne cède
L'Indomptable.  

Héloïse Combes, 4 juillet 2018.