mercredi 4 décembre 2013

Solitude de brume et d'or



Dans le petit matin mouillé, brumeux, frisquet, sauvage.

Le nez au vent. Les pieds dans la boue.
Le Leica autour du cou. Son poids, sa présence, familiers, précieux.

La joie dans une poche, et la peine dans l’autre, comme deux sœurs inséparables.

Dans le cœur, un pêle-mêle d’épines, de perles, de cailloux, les fantômes avec les vivants, les chevaux de l’enfance galopant aussi haut que les oiseaux des rêves, loin au-dessus des manques et des misères qui montrent les crocs avant de se fondre dans le brouillard.

Il suffit d’accepter que tout soit ainsi. Multiple. Paradoxal. Mélangé. Tremblant dans la lumière. Insaisissable. Quand c’est accepté, tout est bien, finalement. 
Tout est bien.  

Extrait de "Pitres, dans la Lumière"









--- Grâce ---

Il est des moments de grâce, où chaque détail possède à la fois la finesse, l’insignifiance et la beauté de l’air traversé par une aile de papillon.

Extrait de "Pitres, dans la Lumière"














mardi 5 février 2013

L'annonce


J’ai été faire développer ma pellicule en urgence. Parce que j’étais impatiente de vous communiquer une nouvelle de la plus haute importance:
Hier matin j’ai rencontré mon premier amandier en fleurs !

Une douceur nouvelle perlée de chants d’oiseaux tentait une percée entre deux rafales de mistral glacé. Il flottait dans l’air cette sensation qu’un événement heureux est sur le point de se produire.

Les fleurs en flocons jetées sur le ciel bleu semblaient lui parler à la fois des neiges de l’hiver passé et des papillons du printemps à venir.

A déjà dix heures, la lumière avait quelque chose de la fraîcheur immaculée des premières lueurs de l’aube. Ce n’était plus celle, plombée, crue ou voilée, d’aucun jour d’hiver. Pas encore tout à fait celle fine et dansante qu’acclameraient bientôt les nez-trompettes des jonquilles.

Je ne saurais dire ce qu’il y avait de profondément bouleversant. Les fleurs blanches et le tronc noir en contraste cinglant. Ces beaux paysages de garrigue lavés par cette lumière-eau de source.
Cette sensation d’amour avant l’amour, de paix avant la vie.
Cette bouffée d’espoir avant la révélation.
Les prémices d’une nouvelle saison -d’une nouvelle enfance, d’une nouvelle naissance, d’une nouvelle ère…-
L’hiver saluant fraternellement le printemps avant de s’éclipser.



Photographies, tirage argentique, Leica m3