--- Ce qui importe ---
C'est la feuille du figuier qui déploie ses cinq doigts
C'est l'ombre qui me couvre dans une odeur de buis et de figue verte, sa fraîcheur d'abbaye
C'est le nuage crépu, ses contrastes d'or blanc et d'ardoise
C'est le sourire d'un mort soudain entraperçu dans la rose alanguie
C'est le souvenir de ton âme sur le bout de tes doigts qui effleure mon âme sur le doux de mon ventre
Ce sont tes lèvres au loin, comme une brèche lumineuse dans l'obscur du secret
C'est le moineau qui s'ébroue dans la poussière, et le visage brun d'un enfant qui m'apparaît en filigrane, barbouillé d'innocence, de terre et de soleil
C'est dans le grand pin parasol la tourterelle qui roucoule, le chant de la rivière captif de son gosier qui s'épanche en goulées lancinantes et sereines
C'est la petite maison qui m'attend là-bas, la vigne, les fissures et le plancher qui craque
C'est le chat roux qui miaule et l'odeur du café
C'est le mégot de cigarette qui fume encore dans la coquille
Ce sont les tambours et les flûtes, ce sont les harpes et les voix, les troubadours ont fait silence, et puis Mozart, et puis Lhasa, demeurent muets eux aussi, mais ce froufrou en rémanence, comme une brise sur mon cœur
Ce sont les nèfles mûres, mes orteils en-dessous, le laurier-rose, la sauge bleue, et la menthe assoiffée qui court entre les pierres
C'est le ciel, toujours, la fatigue
C'est l'instant de rien qui passe et qui demeure
C'est l'éternité qui veille sans qu'on n'y prenne garde
Ce qui importe, un jour parmi tant d'autres, quinze juin de l'année deux-mille-quinze, seize heures et des poussières de rien
Héloïse
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