--- Sorcière, allumeuse, illuminée ---
Extrait d'un futur livre :
" Les mauvaises langues m’ont d’abord qualifiée de sorcière parce que j’aimais la solitude des sous-bois, et parce qu’il semblait aux gens que j’étais différente d’eux. Puis, parce que je plaisais aux hommes et que je ne boudais pas leur amitié, j’ai été traitée d’allumeuse. Quand ils ont su que je priais, que je parlais avec les bêtes, et quand dans le village ils ont entendu mon tambour rouler comme un tonnerre depuis le haut de ma colline, c’est le mot « illuminée » qui s’est mis à circuler à mon sujet.
Et dire que je pleurais !! Je pleurais ma singularité, je pleurais la place que je ne trouvais pas parmi les humains, je pleurais de me sentir blessée, si petite, si émotive, le cœur brimbalé entre joie et sanglot telle une enfant. Je pleurais de honte et je courbais l’échine, me faufilais dans les rues en frôlant les murs pour qu’on ne me voit pas.
Il aura fallu tant d’années pour que m’apparaisse l’incongruité de ces larmes… Car, dans le fond, et bien malgré eux, ne me faisaient-ils pas honneur, ces « braves gens » ? Ils l’ignoraient bien sûr, mais à travers leurs masques hautains, leurs fronts butés, leurs grimaces, quelque chose filtrait qui n’était pas mauvais. Chères « langues de vipères », derrière vos intentions fielleuses, c’est la Vérité même qui se tenait, sans que vous en ayez conscience. Car elle est partout, même et surtout là où on ne l’attend pas, comme une eau de source qu’on contient mais qui sourd quand même et qui jaillira coûte que coûte un jour ou l’autre. Et donc, elle a jailli, la Vérité. Elle s’est servi de vos bouches –celles-là mêmes qui pensaient offenser-, pour me baptiser des plus beaux noms qui soient :
- Sorcière : la magicienne, la guérisseuse, celle qui voit dans le noir et qui connaît les mystères de la vie et de la mort. Celle qui n’a pas d’âge et qui se tient au centre de tout. Celle qui Sait. Sous une autre facette, elle est aussi la fée, la merveilleuse, l’enchanteresse.
- Allumeuse : celle qui allume l’étincelle dans l’obscurité des consciences. Celle qui s’accroupit, frotte une allumette et fait surgir la flamme du tas de bois grelottant, pour que le monde ne meure pas de froid. Celle qui porte le flambeau d’amour.
- Illuminée : c’est la même un peu plus tard, c’est l’allumeuse accomplie. L’incandescente. Elle est devenue elle-même flambeau, Source lumineuse, elle rayonne.
Sorcière-fée.
Illuminée –ou allumeuse parvenue au stade de l’illumination.
Soit ! De tout cœur je chéris ces mots-là, et je fais de mon mieux pour être moi-même, Femme, Héloïse, ce qui revient à me rapprocher de la plus juste façon de les incarner.
Ces mots qui n’ont pas d’âge, pas de frontières,
Ces mots surgis du tréfonds de la nuit, du tréfonds de la psyché humaine, du tréfonds de la terre.
En ces temps contrariés où un monde agonise péniblement, je crois qu’il faut les incarner plus que jamais, ces mots magiques, car c’est par eux que naîtra la nouvelle Ère. "
Je terminerai donc par un slogan pour rire –riez, riez, bonnes gens 
