Nous n'obéirons pas au monde
Nous nous enivrerons de vin, nous nous enivrerons de vent, d'étoiles et puis d'eau claire, et nous irons les jambes nues, les pieds cornés par les sentiers avec les chiens errants et les chevaux aux crinières de folle avoine, fiers mon amour, fièrement ensauvagés nous serons
Nous n'obéirons pas au monde
Nous irons sans bagages, les souffles furibonds nous déshabilleront, nous rendront vulnérables, nus et gloutons de vie comme des nouveaux-nés
Les ruisseaux cavaleurs disperseront nos vices en riant aux éclats et nous simplifieront, allégés nous rendront, Roi et Reine parmi les galets et les bois flottés
Nous n'obéirons pas au monde, mon amour, cela fait si longtemps que ses lois, ses chimères, sont à nos cœurs d'une étoffe moins dense que celle des brumes qui se meuvent, ce soir, longues ailes blanches qui s'effilochent au-dessus de la Creuse
Nous n'obéirons pas au monde, seule la vie qui palpite, intacte dans nos veines, la lumière dorée sur la paille coupée, lumière souveraine des campagne en été ; et les gouffres ombreux quand Dieu nous laisse aveugles, nous les traverserons ensemble, tremblants, l'échine basse, enfants terribles qui hantent par deux les forêts tels des loups efflanqués
Je n'attendrai rien que ta main, tu n'attendras rien que mon ventre, jusqu'à ce que le geai, le crocus ou le gui viennent nous rappeler la Grâce
Nous nous enivrerons de vin, nous nous enivrerons de vent, d'étoiles et puis d'eau claire, et nous irons les jambes nues, les pieds cornés par les sentiers avec les chiens errants et les chevaux aux crinières de folle avoine, fiers mon amour, fièrement ensauvagés nous serons
Nous n'obéirons pas au monde
Nous n'obéirons pas au monde
Nous n'obéirons pas au monde
Texte et photo Leica, tous droits réservés, Héloïse Combes, Gargilesse juillet 2015.